Projet d’immigration : du rêve à la réalité ?
Il y a quelques jours, j’ai lu une phrase dans un groupe de voyage Facebook qui m’a interpellé. Elle disait cela :
Vous avez remarqué comme les gens qui s’expatrient
ne parlent jamais des choses qui ne vont pas !
Ah bon ? Trouvez-vous qu’à travers mes articles je vous vends du rêve ? Il me semble que je suis factuelle dans mes récits. Mais il est probable que je ne pointe pas suffisamment du doigt les choses qui fâchent, font grincer des dents, agacent. D’un naturel plutôt positif, je ne porte certainement pas d’importance à ces moments et je passe rapidement à autre chose. Je ne suis pas venue ici pour me prendre la tête ou pour prendre la tête aux autres !
Sans écrire un article négatif qui renverrait seulement de mauvaises ondes, je me suis pliée au jeu de lister les faits, évènements, les petites choses de la vie qui vont à l’encontre de ce que j’imaginais avant de partir. Et finalement, j’ai trouvé 5 sujets qui pourraient vous intéresser :
Prix de la nourriture
Si vous saviez le nombre de fois que j’ai dit “Comme on mangera local, le budget bouffe ça ne sera rien.”, avant de partir au Panama ! Ça me fait bien sourire aujourd’hui. J’utilise de nombreux produits locaux et cuisine des plats panaméens mais j’avoue ma cuisine reste principalement occidentale : quiche, gâteaux, lasagne, hachis parmentier, risotto, dhal, houmous, galette bretonne…
Le prix des produits en supermarché est équivalent à celui de la France. Mais si vous voulez consommer des produits que les panaméens n’utilisent pas, vous paierez le prix fort :
Beurre président $5,32 la tablette de 250 grammes
Crème liquide $10 la brique de 1 litre
Brie $10 la tomme de 544 grammes
Tablette de chocolat suisse $6,50 la tablette de 200 grammes
Huile d’olive $7,95 la bouteille de 1 litre (marque du magasin)
…
Je ne dirais pas que notre budget nourriture est équivalent à celui que nous avions en France, car il y a plein d’aliments que nous n’achetons plus en supermarché (paquet de gâteaux, glace, viande, poisson, charcuterie, pâte à tarte, yaourt…) car la qualité n’est pas top, le produit n’existe pas au Panama ou le prix est trop élevé. Et pour notre plus grand plaisir, il y a beaucoup de produits que nous achetons directement aux producteurs dans un rayon de 3 km maximum : poulet, porc, œufs, légumes, fruits, poissons, pain…
Argent
A moins que vous soyez rentier, quelque soit le pays où vous irez, l’argent sera et restera le nerf de la guerre. Et vous aurez beau vous renseigner sur les prix, estimer vos dépenses, prévoir un budget… Vous serez toujours en deçà de la réalité.
Notre deuxième cabane est en stand-by depuis 2 mois car nous enchainons les sorties d’argent imprévues :
- Frais d’avocat pour le démarrage en avance de phase de notre deuxième activité,
- frais d’avocat pour l’obtention de notre résidence découvert en cours de procédure,
- frais de ségrégation à repayer car l’administration a perdu un papier,
- frais de réparation de la voiture car le radiateur a pété, puis le thermostat le mois suivant, puis la rotule droite de direction le mois d’après (les pneus sont à changer également mais ça attendra un peu !),
- le prix des matériaux ont flambé car le pays a été bloqué pendant 2 mois,
- l’équipement de bricolage de médiocre qualité qui doit être changé au bout d’un an (coupe bordure, perceuse, chauffe-eau…).
Heureusement, Sylvain a toujours sa microentreprise en France qui nous permet d’avoir un revenu fixe. Sans ça nous serions bien dans la merde. Car après un an et demi sur place, nous ne vivons pas encore de nos activités panaméennes.
Rythme de vie et notion du temps
De vivre dans d’autre pays qui n’ont pas la même culture, ça fait prend conscience du formatage dans lequel nous vivons dans nos pays occidentaux. Le temps c’est de l’argent, ne remet pas à plus tard ce que tu peux faire aujourd’hui, travaille plus pour gagner plus… des mantras qui sonnent à nos oreilles dès le plus jeune âge et conditionnent nos vies.
En partant au Panama, nous pensions nous extraire de cela. Mais les bonnes vieilles habitudes sont tenaces et nous rattrapent vite. Le tout, c’est d’être conscient que la seule bride qui existe c’est nous-même. Dans ces moments-là, on enfile nos maillots et “vamos à la playa”.
Oh les panaméens ne nous poussent pas à la précipitation, au contraire. Leur rapport au temps, à l’argent est complètement différent du nôtre. Voici quelques exemples qui pourront vous irriter mais au final qui a tort, qui a raison ?!
- Nombreux de nos voisins ne veulent pas signer de contrat de travail, pour rester libre de travailler quand ils veulent. Si vous embauchez quelqu’un pour un chantier de plusieurs jours, vous aurez peut-être la surprise qu’il ne se présente pas le 4ème jour car il aura suffisamment gagné d’argent, les trois jours précédents, pour faire vivre sa famille une semaine. S’il reste plus de quatre jours, attendez-vous à ce qu’ils ne viennent pas les lundis ou les deux jours suivants les jours fériés. Il faut au moins ça pour se remettre de la fiesta !
- Avec Sylvain, on rigole souvent du gars qui nous dit qu’il viendra lundi car il ne nous a pas précisé de quelle semaine, voir de quel mois ! Non ! Nous n’exagérons pas. Si ce n’est pas nous qui nous déplaçons, il est rare que la personne que nous attendons (installation fibre, construction dalle béton, livraison meuble, livraison terre…) vienne le jour prévu. Il viendra. il faut juste être patient. Et ça ne sert à rien de le menacer, de vous énerver… vous pourriez ne pas le voir du tout !
Et puis il y a la nature humaine :
Racisme
Non, non ! Pas des panaméens envers les étrangers. C’est un peuple qui me semble indifférent à la différence. Certainement du fait de leur Histoire, de la mixité culturelle. Non, je fais référence du racisme des étrangers envers les panaméens. Oui, vous avez bien lu. Ce n’est pas la majorité des étrangers, heureusement ! Mais certains ont un vrai comportement colonialiste qui hérisse les poils.
Une de leurs grandes spécialités est de fermer des accès (routes, plages…) avec de grands portails pour que les “étrangers” ne viennent pas ici. Par “étrangers” il faut entendre “panaméens” bien sûr. Ils n’acceptent pas que les panaméens se déplacent librement dans leur propre pays.
Quand le cas se présente à nous, nous laissons le portail grand ouvert après notre passage. Hors de question de participer à cette expropriation localisée.
Il y a également ceux qui ne comprennent pas pourquoi les panaméens ne parlent pas leur langue ! Euh ! La langue de ce pays est l’espagnol. Ne serait-pas à nous d’apprendre leur langue ?
Soit dit en passant, ce sont les mêmes personnes qui parlent qu’une seule langue et ce sont ces mêmes personnes qui reprochent aux étrangers de ne pas parler leur langue dans leur pays.
Quand j’étais en France, j’avais beaucoup de difficultés à m’exprimer dans une autre langue, de la peur du jugement. Cette expérience d’immigration m’a complètement désinhibé. Je me rends compte que la majorité des anglophones parlent anglais et… C’est tout. Que de nombreux étrangers parlent leur langue maternelle et l’anglais. Et que finalement, il y a peu de personnes qui parlent 2 autres langues en plus de leur langue maternelle. Alors avec mes bribes d’anglais et d’espagnol et ma volonté exprimée de parler dans la langue de mon interlocuteur, je suis loin d’être ridicule ! 🙂
Dénonciation
Là, toujours pareil ! Je ne fais pas référence aux comportements des panaméens. Mais bien à celui des étrangers, entre eux !!! Nous n’en avons pas été victime jusqu’à présent et espérons que cela dure. Mais j’avoue nous prenons nos précautions. Par exemple, nous démarrons une action seulement si nous sommes sûres que celle-ci n’occasionne pas de désagrément à quelqu’un et/ou si tous les papiers sont en règle (obtention des autorisations, déclaration aux impôts…).
D’aucuns vous dirait qu’il y a des règles et qu’elles doivent être respectées. Mais la tristesse de ces situations, c’est que ces mêmes personnes ne sont pas droites dans leur botte. Elles aussi parfois dévient des règles. Personne n’est parfait ! Dans ce cas, tant que l’intégrité humaine, animale et végétale n’est pas enjeu, vivons et laissons vivre les autres comme bon leur semble.
Cette liste fait référence à des sujets qui me touchent, pour lesquels je suis sensibles. Peut être qu’une autre personne immigrée au Panama vous parlera des fils d’attente interminable dans les hôpitaux publics, de la qualité moindre du matériel de bricolage et des difficultés rencontrées dans la construction, de la décoration totalement dépassée et de l’obligation d’acheter à Panama City à des prix plus élevés, de la dangerosité de certaines routes, de la corruption dans les services administratifs…
Si vous cherchez, vous trouverez toujours des aspects négatifs. Mais, prenez du recul. Regardez cette liste, elle est constituée seulement de faits immuables. Quelque soit le pays où nous irions dans le monde, nous ne pourrions rien y faire, nous ne pourrions rien changer à cela.
Concentrez-vous sur l’essentiel, la réalisation de votre rêve. Ne vous souciez pas du reste, ne vous épuisez pas à résoudre des problèmes qui ne sont pas les vôtres ou qui resteront une lutte sans fin. Je ne dis pas qu’il faut encourager le racisme (sujet listé précédemment). Mais au lieu de vous lancer dans des procès onéreux et des affrontements douloureux, choisissez des actions positives : laissez ouvert ces portails discriminant, intégrez-vous à la population locale, intéressez-vous à eux, participez à la vie de la communauté… La réussite de votre insertion sera un grand pas face au racisme.
La réalité de votre immigration sera finalement ce que vous aurez décidé d’en faire.
LE BONHEUR ON L'A TROUVE ! Chaque jour ici, je savoure le fait que je vois mon homme plus souvent et que je partage de vraies aventures avec lui, mes chiens passent 100% de leur temps avec nous, j'ai chaud toute l'année, je ne travaille plus enfermée entre 4 murs, je ne subis plus les bouchons pour me rendre au travail, je ne dépends plus d'un patron ou d'une société qui bride ma créativité et mon enthousiasme, je ne me suis pas bloquée les cervicales depuis 15 mois (en France, mon ostéopathe me voyait tous les mois pour ça !), je rencontre mes clients en short et tong, je gère mon temps comme je veux, je vis entourée de la nature, je vis avec les habitants de ce pays et ils m'ont intégré. Cela était mes objectifs, ils sont atteints. C'est que du bonheur ! Et là je ne vous vends pas du rêve, c'est ma réalité.
Vous vous interrogez sur la réussite de votre prochaine immigration ?
N’hésitez pas à poser vos questions.
Dites-vous bien que c’est normal d’avoir des doutes, il ne faut pas en voir peur,
ils sont là pour vous aider à structurer les choses avant de partir.
Bravo Élodie et Sylvain hâte de venir vous voir bisous
Quel joli texte Élodie ! Tant sur le fond que sur la forme. Rempli de belles valeurs, d’observations fines, de refus d’adopter des comportements coloniaux…. Et combien instructif pour des gens qui voudraient tenter la même expérience que vous. Je vois que vous avez plus de mal que prévu à tenir votre budget. Je vais demander au Père Noël d’être un peu plus généreux cette année. Continuez comme ça tous les deux. Votre enthousiasme et votre vision du monde font chaud au cœur ! Bisous
Salut Elodie et Sylvain
Sa fait déjà 6 mois que je voudrais venir vous voir mais entre les 2 mois de blocus du pays et les fête de fin d’année pas u le temps et la j’ai les papier finaliser de mon terrain (province de Cocle). Donc le temps vas être bien occuper par la construction.
Mais je garde en tête de venir avec ma femme et ma petit passer 1 ou 2 nuit dans votre BnB.
Je suis d’accord avec la totalité sa prend du temps de se faire a leur rythme de vie mais avec du recule plus sa vas et plus je trouve qu’il est plus saint que le rythme occidental. Pour la dénonciation c’est le problème de la jalousie et de la corruption aussi. Pour le reste c’est sa je confirme a 100%
Cordialement Guillaume
Hola Guillaume, merci pour ton commentaire. Comme je le dis dans l’article le rythme est différent ici. Donc pas de précipitation ! Vous viendrez nous rendre visite quand vous le pourrez, rien ne presse. Et en même temps ne vous laissez pas happer par la construction. Ca fait du bien de prendre le large, seulement quelques pas sur la plage, en famille, se rappeler pourquoi vous êtes venus ici et voir tout ce que vous avez déjà fait en si peu de temps. Bon courage. Hasta luego ! Elodie
Bravo à tous les deux , excellent article , pour s’intégrer au mieux , il faut vivre “local” je pense , c’est ce que j’essaie de faire . Je pense aussi m’expatrier au Panama , je viens fin février pour 3 mois , j’espère venir vous voir au plaisir
Gilles